Des (bonnes) excuses que l'on se trouve et de la démarche LEAN...

           Toi aussi, tu as une liste de « projets-remis-au-jour-où-tu-auras-le-temps-de-t’y-consacrer longue comme le bras » ?

Je ne parle pas seulement de gros projets ; du changement de voiture au changement de vie, en passant par le changement d’alimentation, non ! Je te parle de tous ces petits moments, dans ta journée, où tu te dis « Ah cool ! Il faudra que j’essaie ça un jour ! » 

Le jour où j’ai appris l’existence du mot « procrastination » a été une grande étape pour moi. J’ai enfin pu me coller une bonne vieille étiquette, comme on les aime : « Je suis la reine de la procrastination ! ». Oui, je remets tout à plus tard, tout le temps.

Le problème, c’est que comme toutes les étiquettes, elle est super lourde à porter ! Parce que la procrastination est vue comme une sorte de flemme perpétuelle. « Bouarf, pas l’courage, on verra ça demain ». Et encore une fois, c’est très culpabilisant ! (Je ne vous remets pas le couplet Céline Dion, mais vous voyez l’idée !)

Sauf que la définition était incomplète, ou un peu tronquée. Il y a quelques temps, j’ai réalisé que procrastiner n’a souvent rien avoir avec un manque de courage. Il y a quantité de fois où je procrastine sans pour autant passer mon temps à glander dans mon canapé ! Je poursuis mon marathon des choses à faire, tout en remettant à plus tard les tâches les plus urgentes/importantes/grosses/ « pff de toute façon la deadline est passée à quoi bon ? »

Alors la procrastination, si elle ne tient pas à la paresse, à quoi tient-elle ?

Ma vision de tout ça a changé le jour où j’ai compris que la procrastination tenait énormément au PERFECTIONNISME.

            [Je saute ici une ligne pour laisser la prise de conscience se faire… « aaaah mais ouiiii ! »]

Et croyez-moi, c’est beaucoup plus agréable de se dire qu’on souffre d’être trop perfectionniste que d’être une grosse feignasse larvesque ! N’est-ce pas d’ailleurs le conseil qu’on donne pour les entretiens ? « Si on te demande ton plus gros défaut, dis que tu es trop perfectionniste ! »

Eh oui ! Si on y réfléchit, ce qui fait qu’on repousse à fort, fort loin les choses qu’on a à faire, c’est cette idée qu’elles nécessitent une é-ter-ni-té pour les accomplir, afin que ce soit PARFAIT, et qu’on n’a pas assez de temps pour ça. Tu as peut-être toi aussi un endroit de ta maison (ou ta voiture !) qui tient plus du placard de la honte de Monica que du lieu épuré dont tu rêves ? Ce coin (bureau ou pièce, carrément !) qui te tape sur le système, mais que tu ne touches pas, faute de temps. Et que t’es-tu dit au bout de looooongues semaines (ou de longs mois) à subir ce désordre, quand enfin tu t’es attelé(e) à la tâche et que tu as dégagé et nettoyé l’endroit ? « Ah bah finalement, c’était pas si long ! J’aurais dû le faire avant ! »

Alors, le perfectionnisme, c’est très bien, mais ça nous pourrit quand même un peu la vie ! Il y a ici deux choses à retenir :

-          On surévalue bien souvent beaucoup trop le temps que va nous prendre une action.

-          Et si ça n’est pas fait PARFAITEMENT, est-ce que c’est TRES GRAVE ??? En effet, est-ce qu’on ne pourrait pas juste faire petit à petit, selon le temps dont on dispose ? Ce serait fait, un peu, mais c’est mieux que rien !

Oh que c’est dur à ingérer comme principe ! Combien de fois j’ai entendu mon père dire « C’est ni fait ni à faire, dans ce cas-là autant ne rien faire du tout ! ». Une vraie éducation du tout ou rien. Mais si on y réfléchit, le « ni fait ni à faire », ce n’est pas si grave, du moment que ça n’en reste pas là ! L’idée est justement d’y revenir !

Je ne sais pas si tu connais « Kaisen », la théorie des petits pas ? C’est japonais, et ça consiste à se dire que chaque tout petit pas compte. Ce qui nous ralentit, c’est qu’on se fait une montagne des choses à faire, alors qu’on pourrait juste commencer par un petit pas !

Voilà quelque chose qui aide bien, mais (oui, encore un « mais » !) ce n’est pas encore suffisant. Car, dans le cas de gros projets, où il faut vraiment se lancer, on peut prolonger indéfiniment le nombre de petits pas sans jamais oser faire le grand saut. Parce qu’on attend que ce soit PARFAIT. Et cela se transforme (encore !) en une occasion avortée.

Il y a peu, j’ai appris ce que c’était que le LEAN, tu connais ? C’est une démarche qui a été instaurée pour gagner en productivité dans l’industrie. Ne compte pas sur moi pour te faire un historique précis et une liste exhaustive de ses grands principes… Mais je vais t’en tirer la substantifique moëlle : le LEAN t’oblige à te lancer AVANT que tu sois bien certain(e) que tout est parfait, parce que sinon, tu ne te lanceras JAMAIS (ou trop tard)!

Prenons l’exemple de ce blog : j’ai rédigé le premier article dans un chouette élan, mais si je m’étais écoutée, je crois bien que jamais il n’aurait été mis en ligne. Et franchement, toutes les excuses que j’avançais étaient plutôt fondées :

-          Je ne sais pas créer un blog

-          Je ne sais même pas comment l’appeler

-          Je n’ai pas encore d’idées de nombreux articles, et si je ne savais pas quoi écrire ?

-          Etc. etc.

Autant de nombreux petits pas à mener, et autant de risque de voir le projet avorté ! Peu de chances en effet que je passe un diplôme d’informatique de sitôt ! 😅

            Alors voilà, si tu as devant toi un blog bien bancal, avec un nom bien pourri, et des articles bien perfectibles, c’est grâce au LEAN !

            Mais merci quand même, le LEAN, parce que ce n’est pas parfait, mais au moins, ça existe !

            Et merci à toi, d’avoir eu le courage de lire ce looooong (trop long ?) article ! Et, promis, si tu l’as enregistré quelque part, pour le lire plus tard, je ne t’en veux pas ! 😘