De celle qui ne lisait qu’en été

            J’adore l’été.

 

Vraiment.

 

Pour plein de raisons.

 

 

Et je ne sais pas si c’est parce que j’adore l’été que je ne peux lire que pendant les deux mois des « grandes vacances » ou si c’est l’inverse, mais peu importe dans quel sens je prends ce constat, il en dit beaucoup. 

Moi, je lis énormément, et depuis toujours. J’ai plein de souvenirs d’enfance ou d’adolescence qui passent par les pages d’un livre. Je me souviens très précisément de ma première nuit blanche littéraire. C’est un peu mon problème d’ailleurs : j’oublie les noms des personnages (tellement vite que souvent je dois chercher qui est qui au milieu de mon bouquin !), les lieux, les actions, l’auteur… et ce qui me reste est aussi fugace que le ressenti d’une lecture. C’est souvent comme ça chez moi. Ne me demandez pas quel lieu j’ai visité, quand ou avec qui… Demandez-moi les couleurs et la chaleur des émotions éprouvées, réécrites à la lumière de ma mémoire. 

 

Bref, j’ai toujours dévoré les livres, et c’est pour cela que c’est si dur de ne plus réussir à lire.

 

Oh détrompe-toi ! Il y a toujours énormément de livres dans ma vie. J’en achète tant que je n’ose même pas compter combien cela me coûte. J’ai une pile de livres à lire qui s’est transformée en bibliothèque. Je passe mes journées à faire la lecture à mes enfants. Je parcours tous les jours des textes, piochés sur le net, dans des ouvrages, pour le boulot la plupart du temps, ou sans aucune qualité littéraire.

 

Mais je ne lis pas.

 

Parce que lire, ça demande une tranquillité d’esprit que je n’ai que trop rarement.

Pour lire, il faut s’autoriser à lire autre chose que l’ouvrage dont tu as besoin pour ton travail.

Pour lire, il faut dévorer TOUT le livre, du début à la fin. Pas en commencer un, puis un autre, puis encore un autre, sans jamais rien achever. La vraie lecture te prend et ne te quitte pas : impossible de laisser un livre en plan quand tu lis vraiment.

Pour lire, il faut une urgence intérieure. Pas la terrible deadline qui t’impose d’avoir terminé ce livre parce que tu dois le rendre, ou t’en servir, non. L’urgence du sentiment que tant que tu n’auras pas lu la fin, tu ne pourras pas retrouver ta vie à toi, tu seras toujours habitée par celle des personnages qui sont ton nouvel univers, le temps de quelques centaines de pages.

Pour lire, il faut que ton cerveau s’arrête de turbiner, de passer du coq à l’âne, de se dire « tiens ça c’est intéressant ça me fait penser à… ». Parce que pour lire, il faut décrocher. S’abandonner à la lecture.

Pour lire, il faut arrêter de culpabiliser « tu lis ça alors que tu as tellement plus urgent et important à lire ! »

Pour lire, il faut du temps… pour soi.

 

            Moi je ne fais pas vraiment dans la demi-mesure. Je fais ou je ne fais pas. C’est un très gros problème. C’est la base de tout mon perfectionnisme. Du coup soit je lis, soit je ne lis pas. Et c’est triste, vraiment.

 

            Alors à chaque période de bonnes résolutions (oui il y en a plein), l’impératif « tu recommenceras à lire » arrive dans les premières places. Cela veut dire geeker moins, s’organiser mieux, (s')accepter plus… et à chaque fois ça foire !

 

 

            Mais quel bonheur quand je peux recommencer à lire ! Cela n’arrive pas tout de suite, évidemment. Il me faut du temps, je commence par décrocher de tout, je mets ma vie quotidienne entre parenthèses, et j’emprunte la vie des personnages du papier. Que c’est bon !

 

           Et quand mon premier livre, celui du retour à la lecture, est bouleversant comme Changer l’eau des fleurs, de Valérie Perrin, c’est encore meilleur ! Celui-là aura toujours le goût du sable et de la plage, des draps de mon lit que je n’ai presque pas quitté hier pour le dévorer, et de ma joie d’être guérie d’être moi pour quelques temps… Jusqu’à ce que, de nouveau, je ne puisse plus lire !

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